Champion départemental l’année de ses 20 ans, Maurice Blanpain a joué solo avant de créer le Damier pelvois, en 1968. «  Je donnais des cours à l’école. Certains de mes élèves sont arrivés au-dessus de moi au classement national. Quelle meilleure récompense pour un professeur ?  », explique-t-il modestement. Après vingt-quatre championnats de France, ce curieux de nature n’a cessé de décortiquer la tactique et d’établir des stratégies. En 2013, à Riom, parmi quatre-vingt-douze limiers du damier, il s’est classé deuxième de la série Honneur (la troisième sur sept). Humblement, il glisse : «  J’ai eu les honneurs de la télé ».

Une discipline qui cache bien son jeu !

À l’âge où l’on ne peut soi-disant plus lire Tintin, Maurice Blanpain a pris plaisir à jouer onze partie en neuf jours, lors de ce championnat. Mais cela n’a pour lui rien d’un exploit. Juste une étape dans sa quête. Inlassablement, il tente de percer les secrets des palets de bois. «  J’en apprends encore : c’est un jeu formidable, on peut progresser tout le long... C’est un capital loisir à vie !  »

Si les plus jeunes on abandonné le clan des irréductibles damistes après le bac, si les jeux vidéos, solitaires, ont damé le pion des jeux de société, on continue pourtant d’apprendre à jouer aux dames, en famille. Et ce n’est pas le scientifique qui niera l’apport de sa discipline favorite dans l’apprentissage des maths. «  Jouer aux dames aide au raisonnement.  » À méditer pour occuper intelligemment les enfants après l’école...

On ne peut quitter les compétiteurs de cette première journée du championnat du Pas-de-Calais, réunis ce dimanche-là dans la salle Casanova de Pelves, sans leur poser la question qui agace : les dames et les échecs peuvent-ils être placés sur un pied d’égalité ? André Vasseur, président du club de Desvres, joue franc jeu : «  On vous dira que les dames sont aux échecs ce que le tennis de table est au tennis. Les gens pensent que les échecs, c’est plus noble.  » Ces messieurs sont loin d’être frustrés. «  Les dames, c’est plus abstrait que les échecs  », explique Maurice Blanpain. Nous retiendrons que «  les dames, c’est un jeu où il faut savoir perdre pour gagner  », dixit André Vasseur.

Perdre, gagner, et surtout participer. Les damistes sont fiers : leur discrète passion, qui a sa fédération (FFJD), a fait son entrée aux JO de Pékin, en 2008. «  Après les Paralympiques, il y a les sports de l’esprit », détaille Maurice Blanpain. Ce n’est pas un vain mot : son fils Régis rappelle «  l’aspect stratégique, combinatoire. Les règles sont simples, mais le jeu très complexe. La difficulté, c’est l’uniformité des pièces. » Bernadette, elle, y voit un bon moyen de «  faire aller ses méninges  » à la retraite. « Pas un jeu de gosses  », on vous dit !

Contacts : Joël Lemaire, président, 03 21 73 11 15 ; Maurice Blanpain, 03 21 73 09 93.

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