« Je préfère le sport cérébral au sport physique », confesse Victor Laleuw, lycéen de 15ans. Son truc à lui, c’est le jeu de dames. Depuis sept ans, il s’entraîne au damier club de Wattrelos. Et à force de se triturer les méninges, il commence à prendre du galon et affiche un palmarès plus que prometteur. Il participera d’ailleurs le 31octobre aux championnats du monde (catégorie cadets) aux Pays-Bas. « J’ai commencé il y a sept ans. Je faisais de la musique et j’ai voulu arrêter. Alors mon père m’a parlé du club. Ça m’a plu. Il s’y est mis un peu après moi. »
Nous l’affrontons sur son terrain au 51 rue Jean-Jaurès, à Wattrelos, là ou Victor s’entraîne deux fois par semaine. Si tout le monde a déjà joué aux dames au moins une fois, affronter un champion, c’est autre dimension. Consciencieux, Victor nous rappelle les règles de bases. « Les déplacements, c’est toujours d’une case en diagonale . Le pion qui prend se pose après celui qui a été pris. » Jusqu’ici tout va bien.
« Souffler n’est pas jouer » ? Une fausse règle !
Il en profite pour préciser une bonne fois le fameux « souffler n’est pas jouer », cette règle qui consiste à ôter un pion qui aurait dû prendre celui de l’adversaire. « Ça fait près d’un siècle que ça n’existe plus. La règle en vigueur, c’est la prise obligatoire majoritaire ». Traduisez, l’obligation de prendre le maximum de pions à l’adversaire quitte à en sacrifier pour en prendre davantage. La partie débute. « Les pions blancs commencent toujours ». Victor livre quelques astuces. « Il y a plusieurs tactiques de jeu, mais là, vous devriez consolider le centre ».
La manœuvre est délicate. Il ne laisse rien passer. La satisfaction d’emporter un pion laisse rapidement place à la déception d’en perdre trois juste derrière. Victor anticipe. Il lit le damier. « Si vous faites ça, regardez ce qui se passe derrière ». Victor anticipe et conserve toujours l’avantage. Malgré ses conseils, nos positions ressemblent à des gruyères. Les siennes sont réfléchies, logiques, solides. La défaite s’annonce cuisante. Il lui reste trois pions, et deux dames capables de se déplacer de plusieurs cases en diagonale. Il nous en reste une seule. Elle ne fera pas long feu.
En sacrifiant deux pions, il nous force à sortir de notre position défensive jusqu’à prendre notre dernier rempart. « Contre vous, je réfléchissais trois voire quatre coups à l’avance, mais sinon en partie ça peut aller jusqu’à six ou sept temps voire plus. Je peux aussi dérouler toute une fin de partie. » Bref, il y a encore du travail pour espérer l’emporter un jour !